En dépit de la préférence du patient à être suivi par le même médecin généraliste et les nombreux avantages connus du médecin référent, la continuité des soins est en déclin en médecine générale (ici au Royaume-Uni). Les méthodes actuelles de mesure de la continuité des soins sont difficiles à appliquer en pratique générale courante. Cette équipe de l’Université d’Exeter (Angleterre) a développé une méthode permettant de mieux mesurer l’indice de continuité sur une base mensuelle, à partir de systèmes intégrant la liste des patients suivis par chaque généraliste. Cet indice de continuité, exprimé en pourcentage, peut facilement être calculé à partir des données de routine. Cette nouvelle méthode de suivi de la continuité des soins pour les généralistes est documentée dans le British Journal of General Practice.
Cette méthode d’évaluation de la continuité des soins destinée aux médecins généralistes, est tout au bénéfice des patients. La recherche s’appuie sur les nombreuses preuves confirmant qu’être régulièrement suivi par le même généraliste au fil du temps présente de nombreux avantages. Plus récemment, l’équipe d’Exeter a montré, dans une précédente étude, que la continuité des soins réduit la mortalité. D’autres études ont suggéré qu’elle contribue à la satisfaction des patients, à une meilleure adhésion aux conseils médicaux, à une meilleure observance des traitements ainsi qu’à une réduction significative du nombre de visites aux services d’urgence et du nombre d’hospitalisations. Cependant les auteurs précisent, qu’en dépit de ces bénéfices, la continuité des soins est en baisse au Royaume-Uni. En substance, ils cherchent donc à inverser la tendance.
Il est urgent d’aider les médecins généralistes à apprécier cette continuité pour leurs patients, la première chose est donc de pouvoir l’évaluer, pour, le cas échéant, pouvoir l’améliorer, explique l’auteur principal, le Dr Kate Sidaway-Lee, du St Leonard ‘General Practice Exeter : « Notre méthode est testée depuis longtemps en pratique clinique, elle est simple à appliquer et nous espérons qu’elle sera utile à nos collègues ».
L’indice de continuité des soins de Saint-Léonard (SLICC) : alors que les méthodes actuelles de mesure de la continuité des soins sont peu adaptées en pratique générale courante, la méthode décrite ici le permet simplement, et sur une base mensuelle, en permettant de comparer le taux de continuité associé aux différents médecins généralistes d’une zone ou d’une structure donnée.
La méthode la plus courante de mesure de la continuité est l’indice « fournisseur de soins de santé habituel » (UPC : Usual Provider of Care). Pour être significatif, l’indice requiert un certain nombre de rendez-vous par patient et un laps de temps relativement long, ce qui rend l’outil peu adapté à la gestion quotidienne des performances.
L’indice de continuité des soins de Saint-Léonard (SLICC : St Leonard’s Index of Continuity of Care) permet de mesurer plus régulièrement la continuité des soins. Cet indice est basé sur le pourcentage de rendez-vous en face à face pour les patients figurant sur la liste de chaque médecin, avec leur médecin personnel, ramené au mois. Il permet donc de suivre, médecin par médecin, le taux de continuité des soins (voir visuel). Cet indice de continuité, exprimé en pourcentage, peut facilement être calculé à partir des données de la pratique quotidienne. Il permet également de comparer la continuité des soins entre différents médecins.
Que donne un suivi sur 2 ans ? Sur une période d’étude de 2 ans, couvrant 35.622 rendez-vous avec un médecin généraliste,
- le nombre de consultation moyen atteint 1,96 par patient et par an ;
- 51,7% des visites chez le médecin généraliste l’ont été avec le médecin référent ;
- les patients âgés de 65 ans et plus bénéficient d’un taux de continuité plus élevé, 64,9% de leurs rendez-vous étant assurés par leur médecin personnel ;
- le score UPC moyen pour l’ensemble de ces patients s’élève à 0,61,
- le score SLICC, étant donné ici le mode d’exercice des médecins d’Exeter (tous les généralistes sont à temps partiel), indique qu’un niveau raisonnable de continuité (52%) peut et devrait être atteint par l’ensemble des médecins.
Les auteurs préconisent l’adoption à grande échelle de ce système de suivi, afin que les omnipraticiens puissent apporter les ajustements nécessaires pour optimiser « leur » continuité.
Source: British Journal of General Practice 25 February 2019 DOI: 10.3399/bjgp19X701813 A method for measuring continuity of care in day-to-day general practice: a quantitative analysis of appointment data
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