L’épuisement professionnel est alarmant chez les médecins et les personnels de soins primaires, mais est-il lié au taux de rotation des personnels médicaux et paramédicaux ? Cette recherche de l’Université de Californie San Francisco, présentée dans les Annals of Family Medicine, révèle que l’épuisement professionnel contribue au roulement chez les médecins en soins primaires, mais pas chez les autres personnels. Ces conclusions rappellent que les taux de roulement élevés ont des conséquences importantes pour les soins aux patients. La continuité des soins, qui est un principe fondamental des soins primaires, est difficile à maintenir dans des environnements où la rotation des personnels et des médecins est élevée. Les interventions réduisant les niveaux d’épuisement des médecins vont permettre d’augmenter la qualité des soins et de réduire les dépenses de santé.
La première conclusion et confirmation de l’étude est le niveau alarmant d’épuisement professionnel tant chez les personnels de soins primaires que chez les médecins (ici aux Etats-Unis). La seconde est que, chez les médecins seulement, l’épuisement professionnel est un facteur majeur de rotation, dans les organisations de santé, quelle que soit leur forme sociale ou leur taille.
Il s’agit ici d’une étude de cohorte longitudinale menée à partir de données d’enquête sur l’épuisement professionnel et l’engagement auprès de 740 cliniciens et employés de soins primaires dans 2 systèmes de santé. L’analyse constate que :
- la prévalence de l’épuisement professionnel, le faible engagement et le roulement du personnel sont élevés ;
- 53% des médecins et des personnels signalent souffrir d’épuisement professionnel,
- 32% seulement des médecins et 35% des personnels signalent un engagement élevé,
- 2 ans plus tard, c’est 30% des médecins et 41% des professionnels de santé qui signalent cet engagement élevé, l’engagement des médecins étant donc en diminution ;
- l’épuisement prédit le roulement du personnel médical : ainsi, un médecin confronté à l’épuisement professionnel a une probabilité augmentée de 57% à modifier son lieu d’exercice ;
- c’est, du côté des professionnels de santé, plutôt un engagement faible qui prédit le risque de « rotation » : ce risque est accru dans ce cas de 42%.
C’est une démonstration de l’effet délétère de l’épuisement professionnel des médecins sur la continuité des soins, mais aussi de la nécessité d’une motivation et d’un engagement forts chez professionnels de soins primaires. Si la réduction de l’épuisement professionnel peut contribuer à réduire les taux de roulement, les organisations de santé doivent identifier toutes les causes de ces changements d’exercice et développer des stratégies de rétention efficaces pour les cliniciens et le personnel. Dans l’objectif d’assurer une meilleure continuité des soins.
La continuité des soins est un principe fondamental des soins primaires, rappellent les auteurs. Le roulement des personnels est coûteux pour les organisations de soins de santé. Bien que la réduction de l’épuisement professionnel puisse contribuer à réduire les taux de roulement chez les cliniciens,
les auteurs exhortent les organisations de soins de santé et les décideurs politiques préoccupés par le roulement du personnel des soins primaires à comprendre ses causes multifactorielles et à élaborer des stratégies de rétention efficaces pour les médecins et les personnels de santé.
Source: Annals of Family Medicine Jan, 2018 doi: 10.1370/afm.2338 Burnout and Health Care Workforce Turnover
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