Plus encore qu’un environnement de soins dangereux (IAS), l’épuisement professionnel des médecins est en cause dans la survenue de erreurs médicales, relève cette équipe de l’École de médecine de l’Université de Stanford. De nombreux protocoles ont en effet été mis en œuvre pour tenter d’éliminer les risques d’infection, de complications et d’optimiser la sécurité et la qualité des soins mais beaucoup reste à faire pour améliorer les facteurs de l’environnement de travail qui mènent à l’épuisement des professionnels de santé. La démonstration est apportée ici dans les Mayo Clinic Proceedings, et, ce faisant l’étude rappelle la prévalence élevée, soit 55%, de symptômes d’épuisement professionnel chez les médecins.
Le Dr Shanafelt, auteur principal, professeur d’hématologie à Stanford parle même « d’épidémie nationale » : ainsi, aux seuls Etats-Unis, les erreurs médicales sont responsables de 100 à 200.000 décès chaque année. De nombreuses études confirment qu’environ la moitié des médecins éprouve des symptômes d’épuisement, un certain cynisme et un sentiment d’efficacité réduite. Cette étude confirme à quel point l’épuisement professionnel des médecins influence également la qualité des soins, la sécurité et le confort des patients.
La recherche s’est concentrée sur la façon dont l’épuisement des médecins contribue à la survenue de ces erreurs. 6.695 médecins ont répondu à l’enquête.
- 3.574 soit 55% des répondants ont déclaré des symptômes d’épuisement professionnel ;
- 10% signalent avoir commis au moins une erreur médicale majeure au cours des 3 mois précédents ;
- les médecins souffrant d’épuisement professionnel ont un risque plus que multiplié par 2 -après ajustement pour la spécialité, les heures travaillées, la fatigue et les protocoles de sécurité de leur unité- de commettre une erreur médicale ;
- une organisation présentant des niveaux de sécurité faibles est associée à un risque multiplié par 3 ou 4 d’erreur médicale dans le service.
C’est donc à la fois le niveau d’épuisement professionnel des professionnels de santé et les caractéristiques de sécurité de l’unité de soins qui expliquent l’incidence des erreurs médicales.
Le système et les Hommes aussi : Aujourd’hui, la plupart des organisations investissent des ressources substantielles et ont une approche « systémique » pour améliorer la sécurité dans chaque service de soin ou chaque structure de santé, mais très peu d’organisations consacrent autant d’attention aux facteurs systémiques responsables de l’épuisement professionnel chez les médecins et les infirmières. Les chercheurs prêchent ici pour une approche holistique pour lutter contre l’épidémie d’épuisement chez les professionnels de santé et quel que soit leur mode d’exercice.
La sécurité et le bien-être au travail aussi : « Encore récemment, l’idée était que si des erreurs médicales se produisaient, il fallait améliorer la sécurité au travail avec des outils de type check lists et une meilleure coordination d’équipe. Cette étude montre que ces mesures sont insuffisantes et que l’approche doit également prendre en compte l’épuisement professionnel pour réduire efficacement l’incidence de ces erreurs médicales. En plus des effets évidemment néfastes sur les patients, les erreurs liées à l’épuisement professionnel ont aussi des conséquences personnelles graves pour les médecins.
« Les erreurs médicales liées au burnout doublent de manière indépendante des autres facteurs, le risque de pensées suicidaires chez les médecins », concluent les auteurs.
Source: Mayo Clinic Proceedings 9 July 2018 10.1016/j.mayocp.2018.05.014 Physician Burnout, Well-being, and Work Unit Safety Grades in Relationship to Reported Medical Errors
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