Certes, ce premier « observatoire Medscape » sur l’état de santé mentale des médecins est mené aux Etats-Unis, cependant, il confirme un phénomène général, déjà documenté dans de nombreux pays : la majorité des médecins sont épuisés ou déprimés. Ce rapport national révèle ainsi que si près des deux tiers des médecins américains se sentent épuisés, déprimés ou les deux à la fois, les médecins en milieu de carrière et les femmes médecins semblent les plus touchés.
Près des deux tiers des médecins américains se sentent déprimés et/ou épuisés, l’épuisement professionnel étant défini comme un sentiment d’épuisement physique, émotionnel ou mental, de frustration ou de cynisme à l’égard du travail, et ici par des doutes du praticien sur la valeur de son expérience et de son travail. Le sondage montre aussi qu’un médecin sur 3 admet que son sentiment de dépression a un impact sur sa relation avec ses patients et ses collègues, donc sur la qualité des pratiques professionnelles.
Plus de 15 000 médecins praticiens de 29 spécialités ont répondu au sondage, l’analyse de leurs réponses révèle que :
- 42% des médecins déclarent souffrir d’épuisement professionnel,
- 15% de dépression ; précisément, 12% des médecins déclarent qu’ils « se sentent déprimés » et 3% déclarent souffrir de dépression grave (vs un taux de dépression de 6,7% en population générale) ;
- 14% déclarent souffrir de ces 2 conditions mentales à la fois.
- Les taux les plus élevés d’épuisement professionnel sont relevés chez :
- les médecins de famille,
- les médecins de services de soins intensifs,
- les internistes,
- les neurologues,
- les obstétriciens-gynécologues.
- Les taux les plus faibles d’épuisement professionnel sont relevés chez :
- les chirurgiens plasticiens,
- les dermatologues,
- les pathologistes,
- les ophtalmologistes.
- Les taux d’épuisement professionnel s’avèrent plus élevés chez les femmes (48% contre 38% chez les hommes) et chez les médecins âgés de 45 à 50 ans (50% vs 35% chez les jeunes médecins et 41% chez les 55-69 ans).
- La cause majeure de dépression, « leur travail », d’ailleurs, une enquête distincte de Medscape a révélé que « la plupart des médecins sont heureux lorsqu’ils ne travaillent pas ».
L’épuisement professionnel et la dépression impactent la qualité des soins : l’analyse montre en effet :
- une relation constante entre des niveaux plus élevés d’épuisement professionnel des médecins et des niveaux inférieurs de sécurité des patients et de qualité des soins ;
- 1 médecin dépressif sur 3 déclare qu’il est plus facilement exaspéré par les patients ;
- 32% se disent moins engagés avec leurs patients ;
- 29% admettent être moins avenants ;
- 15% admettent que leur dépression pourrait les amener à commettre des erreurs qu’ils ne feraient pas habituellement, et 5% corrèlent leur état dépressif à des erreurs déjà commises et ayant pu nuire à un patient ;
- un grand nombre de médecins affirment que la dépression pèse sur leurs relations avec leurs collègues, 42% d’entre eux déclarant leur exaspération, 42% reconnaissant un engagement moindre et 37% avouant exprimer leurs frustrations devant leurs pairs ou les personnels de santé.
Comment les médecins font-ils face ? 56% déclarent qu’une réduction des tâches administratives et 39% qu’une réduction des heures de travail (39%) permettraient d’atténuer leur épuisement professionnel. Environ un tiers des médecins serait apaisé par un salaire plus élevé et des horaires plus souples. La plupart d’entre eux ne se mettent pas en recherche de soutien en cas d’épuisement professionnel ou de dépression.
La majorité dit préférer opter pour un mode de vie plus sain dont la pratique de l’exercice, ou pour des discussions avec des proches ou des amis. Mais un tiers d’entre eux pratique la malbouffe et un médecin sur 5 consomme de l’alcool.
Source: Medscape January 17, 2018 Medscape National Physician Burnout & Depression Report 2018
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