Cette étude menée par une collaboration internationale d’experts rappelle qu’un protocole de retrait inapproprié, par le professionnel de santé, de l’équipement de protection individuelle (blouse, masque, gants), favorise la propagation de bactéries résistantes aux médicaments et est un facteur important de contamination des personnels de santé eux-mêmes. Un appel à mieux former les personnels de santé à ces protocoles de retrait.
L’étude révèle en effet que plus d’un tiers des professionnels de santé sont ainsi contaminés par des micro-organismes résistants aux médicaments après avoir soigné des patients colonisés ou infectés. L’étude révèle aussi que 39% des personnels ont commis des erreurs en retirant leur équipement de protection individuelle, dont la blouse et les gants, augmentant ainsi l’incidence de la contamination.
Les chercheurs ont suivi 125 professionnels de santé de 4 unités de soins intensifs pour adultes qui prenaient en charge des patients colonisés ou infectés par une bactérie résistante comme Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et Entérocoque résistant à la vancomycine (ERV). Les chercheurs ont prélevé plus de 6.000 échantillons sur les mains, les gants, les équipements de protection individuelle et d’autres équipements tels que les stéthoscopes et les téléphones portables, avant et après une interaction avec le patient. Des observateurs formés ont surveillé la technique utilisée par chaque professionnel pour mettre et retirer son équipement de protection individuelle et ont relevé les erreurs commises par rapport aux directives établies par les Centers for Disease Control and Prévention (CDC). Les CDC préconisent en effet 2 de retrait de l’équipement de protection individuelle, une stratégie privilégiant les gants et une approche consistant à retirer la blouse et les gants. Les chercheurs ont également regardé les résultats d’une 3è méthode consistant à retirer d’abord la blouse. Une grande majorité des personnels suivis par l’étude avait d’ailleurs reçu une formation sur les méthodes appropriées pour enfiler et retirer l’équipement de protection individuelle. L’étude montre que :
- 36% des professionnels santé ont été contaminés par une bactérie résistante, après contact avec un patient ;
- la contamination était plus fréquente dans les contextes de contamination élevée du patient et de l’environnement ;
- après avoir retiré leur équipement de protection individuelle, 10,4% des personnels ont été contaminés aux mains, sur leurs vêtements ou leur matériel ;
- les professionnels de santé qui commettaient plusieurs erreurs en retirant leur équipement de protection individuelle étaient plus susceptibles d’être contaminés après contact avec un patient ;
- 72% des professionnels qui retirent leurs gants en premier, effectuent plusieurs erreurs : parmi les erreurs commises, le fait de toucher l’intérieur de la blouse ou du gant avec une main gantée, de toucher l’extérieur de la blouse ou du gant avec les mains nues et ne pas desserrer sa blouse au niveau du cou ;
- le taux de contamination des mains de ceux qui ont opté pour la stratégie « gants d’abord » est très élevé.
Réévaluer les stratégies de retrait de l’équipement de protection individuelle, ainsi que la fréquence des formations des personnels à ces méthodes, c’est l’appel de l’auteur principal, le Dr Koh Okamoto du Département Médecine de la Rush University (Chicago) : « Une intervention aussi simple que l’éducation sur le retrait approprié de l’équipement de protection individuelle peut réduire la contamination du personnel soignant par des organismes multirésistants ».
Source: Infection Control & Hospital Epidemiology 20 March 2019 DOI : 10.1017/ice.2019.33 Impact of doffing errors on healthcare worker self-contamination when caring for patients on contact precautions
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