Est-ce la conséquence positive des nouvelles structures de santé et des nouveaux modes d’organisation des soins ? Mais le bien-être des médecins s’améliore, même si le risque d’épuisement professionnel reste stable. C’est le constat de cette large étude de la Mayo Clinic, qui a interrogé près de 30.000 médecins. Un constat certes américain, mais qui, compte-tenu de la similarité des enjeux, marque une tendance probablement à venir dans l’ensemble des pays riches.
L’épuisement professionnel englobe de nombreux aspects, l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation, la détresse et la dépression. Les cas extrêmes d’épuisement professionnel peuvent entraîner des erreurs médicales chez les patients, l’arrêt de la pratique médicale et le suicide.
Plus de 30.000 médecins ont été invités à participer au sondage et environ 17% (5.197) ont répondu, ce taux de réponse spontané marquant à lui-seul l’importance de l’enjeu, une deuxième tentative pour atteindre les non-répondants a permis d’obtenir 248 participants supplémentaires.
La bonne nouvelle est que l’épuisement professionnel des médecins semble être maintenant mieux pris en compte par les organisations de santé, et que les indicateurs de bien-être progressent. Cependant, les médecins restent encore à risque élevé d’épuisement professionnel, de dépression et de « perte d’identité », par rapport aux autres professionnels. Ces conclusions de l’équipe de Rochester appellent « clairement, à encore plus de changement organisationnel et de recherche pour maintenir cette trajectoire positive », commente l’auteur principal, le Dr Lotte Dyrbye, hercheur à la Mayo Clinic.
Son équipe, avec des collaborateurs de l’American Medical Association et de l’Université Stanford ont collaboré à l’enquête nationale menée auprès de médecins dans plus de 20 spécialités afin d’évaluer l’évolution des perceptions et des conditions d’exercice des médecins par rapport à la vague précédente de 2014 et la vague initiale de 2011. Parmi ces conclusions,
- les niveaux d’épuisement professionnel varient toujours selon les spécialités ;
- les niveaux globaux rapportés d’épuisement professionnel et de satisfaction à l’égard de l’intégration de l’exercice dans la vie personnelle se sont améliorés entre 2014 et 2017, mais ces niveaux reviennent à ceux de 2011 seulement ;
- les efforts organisationnels sont mentionnés comme facteurs d’amélioration des conditions d’exercice, cependant la majorité des répondants déclarent « qu’il reste encore beaucoup à faire » ;
- la mise à jour des dossiers de santé électroniques reste un facteur majeur d’épuisement professionnel. Globalement, les exigences administratives limitent le temps que les médecins peuvent consacrer aux patients, ce qui affecte la satisfaction professionnelle.
Pourquoi cette tendance positive et prometteuse ? Les chercheurs expliquent que cette tendance pourrait être liée à l’adaptation des médecins aux nouveaux environnements de travail et aux nouvelles structures de santé développées au cours de ces 3 dernières années. Comme en Europe, aux Etats-Unis, des pôles et maisons de santé centrées sur le patient se développent pour faire face à la demande de soins sur les territoires.
De nombreux progrès peuvent être attribués aux programmes d’intervention visant à enrayer l’épuisement professionnel dans les hôpitaux et les établissements de moindre taille. De nombreux médecins en difficulté pourraient également avoir quitté la profession….
Source: Mayo Clinic Proceedings Feb, 2019 DOI : 10.1016/j.mayocp.2018.10.023 Changes in Burnout and Satisfaction With Work-Life Integration in Physicians and the General US Working Population Between 2011 and 2017
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