Les experts du Centre médical Beth Israel Deaconess (BIDMC) précisent les étapes immédiatement réalisables permettant d’atténuer le préjudice émotionnel et de favoriser ainsi la cicatrisation et la récupération chez les patients victimes de blessures et de plaies. Une feuille de route, présentée dans le Joint Commission Journal on Quality and Patient Safety, qui sensibilise à la prise en charge, au-delà des lésions physiques plus facilement visibles et mesurables, du préjudice émotionnel et psychosocial lié aux erreurs médicales, aux événements indésirables et aux blessures.
Les blessures et les décès, soulignent ces chercheurs de Boston, peuvent entraîner de profondes conséquences émotionnelles à long terme sur les patients et leurs familles. Les patients gravement blessés et / ou les membres de la famille qui ont perdu un être cher peuvent décrire des sentiments de déni, d’isolement, de peur, de colère et de désespoir, entre autres émotions, et ces états émotionnels peuvent être accentués par la rétention d’informations et le silence des équipes soignantes.
À ce jour, les programmes d’amélioration de la qualité des soins se concentrent plutôt sur la prévention des suites physiques et peu sur le préjudice émotionnel. Pourtant, de nouvelles études suggèrent que les impacts émotionnels peuvent être tout aussi néfastes, voire plus que l’événement sous-jacent, en particulier pour la cicatrisation et la récupération globale du patient.
Healing After Harm : ce groupe multidisciplinaire d’experts du programme « Healing After Harm », mené au centre médical Beth Israel Deaconess (BIDMC) a travaillé à un consensus comportant à la fois des stratégies immédiatement applicables et à plus long terme des organisations de soins de santé permettant de favoriser la récupération émotionnelle des patients et de leurs familles. Le programme nous livre une feuille de route composée d’approches permettant de mieux soutenir les patients et leurs familles. L’équipe de réflexion, composée de représentants des 4 parties prenantes, patients et représentants des usagers de santé, cliniciens et chercheurs, spécialistes en sciences sociales et responsables d’organisation médicales et de soins a identifié toute une série d’actions conçues pour prévenir au mieux le préjudice émotionnel.
20 actions immédiatement réalisables par les hôpitaux et les établissements de soins de santé sont ainsi proposées. « L’une de nos principales constatations est que nous devons agir maintenant, nous ne pouvons pas attendre des années et laisser les patients et leurs familles souffrir », commente Melinda Van Niel, chef de la Sécurité des patients au BIDMC. Les cliniciens et les organisations peuvent commencer à travailler dès aujourd’hui à partir de ces 20 propositions. Parmi ces recommandations,
- revoir l’approche organisationnelle pour mieux prendre en compte les « blessures affectives »,
- impliquer les patients et les familles dans le développement de solutions,
- prendre des mesures pour contrer l’aversion à certains soins suite à des événements néfastes ou des erreurs médicales,
- développer des initiatives de prise de parole des patients et d’écoute des cliniciens,
- établir une meilleure communication avec le patient, un soutien psychologique et / ou relier les patients lésés par le biais de réseaux sociaux spécifiques pour favoriser la récupération par la connexion humaine, l’écoute et le partage,
- sensibiliser les cliniciens à la prise en charge du préjudice émotionnel, à l’amélioration de la qualité des soins et de l’écoute du patient,
- travailler à la réduction de l’épuisement professionnel chez les cliniciens.
Source : Joint Commission Journal on Quality and Patient Safety July 2018 DOI : 10.1016/j.jcjq.2018.03.007 A Multi-Stakeholder Consensus-Driven Research Agenda for Better Understanding and Supporting the Emotional Impact of Harmful Events on Patients and Families
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