Alors que de nombreuses études font état des agressions et violences dont sont victimes les médecins et les personnels de santé, que l’Observatoire de la sécurité des médecins du CNOM montre, pour la France, un recul des violences mais une hausse des agressions verbales, cette grande enquête allemande, publiée dans la revue Ärzteblatt International, révèle une urgence particulière. Celle de mettre en place des protocoles de prévention ou de protection adaptés aux visites à domicile. Car c’est au cours de ces visites, sur appel, que la question de la sécurité est la plus sensible.
Ainsi, selon cette enquête, · Au cours des 12 mois précédant l'enquête, plus d'un médecin sur 2 a subi une agression légère à modérée, · Plus d'un médecin sur 10 en soins primaires a subi ou assisté à une agression ou une violence grave dans les 12 derniers mois, · Si le sentiment général de sécurité reste correct en pratique au cabinet ou l'hôpital, une femme médecin sur 3 se sent en sécurité lors des visites à domicile, · Des protocoles pour faire face à un comportement agressif devraient être développés de toute urgence, en particulier pour les visites à domicile.
L'enquête a interrogé 1.500 médecins de soins primaires sur le type, la fréquence, la gravité, et le site des agressions subies et finalement analysé 831 soit 59% des questionnaires. L'analyse montre que :
· 91% des médecins déclarent avoir été victimes d'un comportement agressif au moins une fois au cours de leur carrière,
· 73% au cours des 12 mois précédents,
· 23% d'agression sévère ou de violence au moins une fois au cours de leur carrière,
· 11% au cours de l'année précédente.
· Si la grande majorité des praticiens se sentent en sécurité dans leurs cabinets de soins,
· 66% des médecins femmes et 34% des médecins hommes ne se sentent pas en sécurité lors des visites à domicile, sur appel.
En Allemagne, comme en France, les insultes et les injures sont plus que courantes :
· 73% des médecins en ont déjà fait les frais durant leur carrière,
· Un sur 2 en déclare au cours des 12 derniers mois.
· Mais il y a également les actes criminels, les dommages et les vols : 54% en ont connus durant leur carrière, 34% au cours de l'année précédente.
· La diffamation dans le voisinage et jusqu'à la calomnie sur Internet a déjà touché un médecin sur 2 et près d'un sur 3 dans l'année précédente.
· Le harcèlement sexuel existe aussi et touche fréquemment les femmes (25% et 15%).
· 5% des médecins font également état d'usage d'armes.
Dans 4 agressions sur 5, l'auteur est:
· un homme,
· d'âge variable,
· sous l'emprise de l'alcool, de la drogue ou d'une maladie mentale.
Des données qui révèlent une nouvelle fois, une fréquence et une ampleur de la violence contre les médecins généralistes, en première ligne dans les systèmes de soins.
La conclusion des auteurs est claire, il est urgent de mettre en œuvre des protocoles de prévention et de protection des médecins, face au risque d'agression, concentré, selon cette enquête, sur les visites à domicile.
Source: Deutsches Ärzteblatt International 2015; 112: 159–65 Aggression and Violence Against Primary Care Physicians—a Nationwide
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