Comment réduire les transferts évitables des patients âgés, résidents en EHPAD ou en maisons de soins infirmiers vers l’hôpital ? Cette recherche du Regenstrief Institute (Indianapolis) rappelle que mieux traiter et « surveiller » les résidents permet d’éviter les hospitalisations; ce qui est à la fois meilleur pour la santé des résidents et pour l’économie et l’organisation du système de santé. Les diagnostics courants, comme l’insuffisance cardiaque ou l’infection des voies urinaires, sont souvent utilisés pour déterminer si l’hospitalisation d’un résident est nécessaire. Cependant, ce type de protocole aboutit trop souvent à des hospitalisations en réalité évitables. Cette étude présentée dans le Journal of the American Geriatrics Society montre l’efficience de protocoles spécifiques et de personnels formés spécialement à ce type de décision.
Cette étude révèle que les symptômes et les conditions des résidents âgés ne sont que faiblement prédictifs et qu’il reste complexe de prédire à l’avance quels transferts seraient évitables. En effet, il s’agit de « se poser et de répondre à un très grand nombre de questions afin de pouvoir déterminer si un résident doit être transporté à l’hôpital », explique le Dr Kathleen Unroe, du Centre de recherche sur le vieillissement de l’Indiana University. « Que s’est-il passé avec ce patient dans les heures qui ont précédé son transfert à l’hôpital ? Quelle est l’association entre ses symptômes actuels (fièvre ou toux, par exemple) et ses risques réels (ex : maladie d’Alzheimer) ? Réduire les transferts de l’EHPAD à l’hôpital nécessite de pouvoir prédire « l’évitabilité » des transferts hospitaliers, à partir de données disponibles au moment de la prise de décision de transfert éventuel. Pour cela, il est besoin de stratégies ciblées et de personnels formés et qualifiés, capables d’identifier ces cas de transfert évitables.
Un nouvel outil, OPTIMISTIC (pour Optimizing Patient Transfers, Impacting Medical quality and Improving Symptoms) : Ce programme consiste en particulier à intégrer des infirmières spécialement formées à ce type de situation et e prise de décision dans les établissements. De premières expériences montrent l’efficacité de ces programmes, avec une réduction du nombre de transferts, évitables. Ainsi, testé durant 4 ans dans 19 maisons de soins infirmiers,
- Optimistic a permis de réduire de 33% les hospitalisations évitables de résidents de maisons de soins et services de longue durée.
- Optimistic fait la démonstration que près d’une hospitalisation sur 5, évitable ou inévitable peut être éliminée.
Cependant, il reste toujours à mieux comprendre et à mieux savoir reconnaître la véritable « évitabilité » de ces transferts, ajoutent les chercheurs.
Eviter les allers-retours à l’hôpital : les soins prodigués aux résidents des EHPAD ou des services de long séjour sont trop fréquemment fragmentés par des hospitalisations et des ré-hospitalisations qui sont particulièrement pénibles pour les patients âgés et fragiles. Ces interruptions entraînent la plupart du temps une réduction du fonctionnement du patient au quotidien et, globalement, un impact sur sa santé. L’objectif serait donc de pouvoir garder ces patients âgés, fréquemment atteints de maladies complexes ou de multimorbidités dans l’établissement de soins infirmiers. Pour les patients, c’est un endroit familier avec des personnels et les cliniciens auxquels ces patients font confiance.
Enfin, selon cette évaluation, Optimistic a également permis une réduction significative des dépenses de santé.
Source : Journal of the American Geriatrics Society 13 February 2018 DOI: 10.1111/jgs.15286 The Complexity of Determining if a Nursing Home Transfer is Avoidable at Time of Transfer