« Lorsqu’un patient se sent jugé par son médecin, il a peut-être raison, c’est peut-être bien le cas », relève cette équipe du Stevens Institute of Technology (New Jersey). Alors qu’en ce qui concerne sa santé, le patient est censé de pas faire de secret avec son médecin, que sans un exposé franc des symptômes et des signes cliniques, il n’est pas possible au professionnel de santé de poser le bon diagnostic, la condition est que le patient ne perçoive pas une désapprobation de la part de son médecin. Cette étude publiée dans la revue Medical Decision Making révèle que les médecins émettent une opinion très négative auprès des patients qui partagent des informations et des conclusions avec lesquelles ils ne sont pas d’accord.
« Les patients craignent aussi que leurs médecins les regardent de haut »,
résume l’auteur principal, le Dr Samantha Kleinberg.
L’étude a interrogé plus de 350 patients et plus de 200 médecins afin d’analyser leurs perceptions réciproque de croyances médicales différentes. Ces croyances comportaient les informations scientifiquement justifiées (comme par exemple l’excès de sucre peut provoquer le diabète) à des affirmations erronées voire déraisonnables (comme par exemple, le jus de carotte guérit le diabète) ou même relevant de théories du complot (comme par exemple, les sociétés pharmaceutiques provoquent délibérément le diabète pour vendre plus d’insuline). L’analyse révèle que :
- les professionnels de santé ont une perception extrêmement négative des patients qui diffusent de fausses informations ;
- plus les croyances d’un patient en matière de santé sont erronées ou déraisonnables et plus la perception du patient, par le professionnel de santé est négative ;
- plus logiquement, ce résultat est également observé chez les patients : les patients souffrant de maladies chroniques, donc bien au fait de leurs soins de santé, sont très critiques vis-à-vis des professionnels de santé qui peuvent émettre des informations erronées. « Nous pensions que les personnes diabétiques par exemple, seraient plus compréhensives, mais ce n’est pas du tout le cas », relèvent les auteurs.
« On n’attend pas des profanes qu’ils aient une expertise médicale,
donc les médecins doivent corriger leurs jugements négatifs sur les patients « qui ne savent pas » ».
L’enquête révèle aussi que, qu’ils soient médecins, professionnels de santé ou patients, la majorité des acteurs ou usagers de santé ont au moins quelques croyances erronées liées à la santé. Accessoirement, l’enquête montre les marges d’amélioration possible, à la fois en matière de FMC et d’ETP.
D’autres recherches seront nécessaires pour explorer la manière dont des perceptions négatives peuvent affecter la relation médecin-patient, dont la qualité est une condition du succès des traitements et des résultats de santé du patient.
« Les médecins aussi doivent surmonter leurs préjugés ».
Source: Medical Decision Making 2 Aug, 2024 DOI: 10.1177/0272989X241262241 Perceived Penalties for Sharing Patient Beliefs with Health Care Providers