HÔPITAL: Pour garder vos infirmières, améliorez leurs conditions de travail!, concluait une étude menée il y a quelques mois par l’Université de Pennsylvanie auprès de 100.000 infirmières de 9 pays. Les résultats de cette nouvelle enquête menée par l’Ordre des Infirmiers auprès d’infirmières française ne surprendront donc pas. Inquiétude généralisée sur l’évolution des conditions de travail, crainte de ne plus être en mesure d’assurer la qualité et la sécurité des soins, les infirmières françaises rencontrent la même pénibilité et ressentent le même sentiment d’épuisement et tout particulièrement à l’hôpital.
L'enquête a porté, première semaine de mars, sur plus de 21.000 infirmières et infirmiers du secteur public, privé, libéraux et étudiants interrogés notamment sur leurs conditions de travail à l'hôpital, les réformes réalisées ces dernières années et leurs propositions d'évolutions.
Une inquiétude spécifique à l'Hôpital : Près d'un infirmier du public sur deux (51%) estime ne pas pouvoir assurer une sécurité des soins optimale à ses patients au regard de ses conditions d'exercice, soit plus que dans le privé (41%). Une inquiétude générale exprimée de la même manière par les jeunes diplômés, les professionnels expérimentés et même les cadres de santé (42%) et les directeurs de soins (40%). En revanche, les infirmiers libéraux, exerçant principalement au domicile de leurs patients, sont plus sereins, seuls 18% estiment ne pas pouvoir assurer une sécurité des soins optimale à leurs patients.
En cause, des conditions de travail confirmées comme difficiles. Surcharge de travail, manque d'effectif, lourdeur de l'administratif, stress , épuisement ou moyens inadaptés, les raisons exprimées apparaissent homogènes, quel que soit le mode d'exercice. La profession partage les mêmes priorités dont, la qualité et sécurité des soins et, pour assurer cette qualité, les conditions de travail dont la rémunération les perspectives d'évolution de carrière et la sécurité d'emploi. Ainsi, 40 à 46% des infirmiers du public, du privé et libéraux placent en tête leurs conditions de travail, montrant ainsi une inquiétude généralisée dans la profession.
Déception aussi, sur les réformes réalisées, en particulier sur la réforme « LMD » qui ne satisfait qu'une petite minorité des professionnels et ne comble que 2% d'entre eux. Le principe de coopération, institué par la Loi « Hôpital » aussi, est mal vécu, avec l'inquiétude du transfert de tâches médicales aux infirmiers sans rémunération ou reconnaissance. La pénibilité, caractéristique abrogée avec la nouvelle grille de rémunération devrait être officiellement reconnue à nouveau, souligne la profession.
Une forte capacité de propositions ressort de l'enquête, telles que la création de nouvelles spécialités infirmières, un concept plébiscité par 80% des soignants interrogés, la formation continue devenue récemment obligatoire -mais jugée aujourd'hui difficile à mettre en place compte-tenu des manques d'effectifs ou encore le développement de la prescription infirmière pour les médicaments et dispositifs les plus utilisés dans les principaux champs d'exercice.
C'est donc l'appel, en amont des Présidentielles, d'une profession pas toujours valorisée à une évolution rapide de son champ et de ses conditions d'exercice.
Communiqué Ordre National des Infirmiers (Vignette Vanderbilt)
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