Plus de la moitié des médecins présente des symptômes d’épuisement professionnel. Cependant, l’épuisement professionnel des médecins dans les petites structures de soins primaires est considérablement plus faible que la moyenne nationale, relève cette étude du New York University Langone Health. Certes une étude américaine mais qui aboutit à des conclusions universelles. Plus d’évolution, plus d’autonomie, plus de dialogue entre confrères dans ces structures à taille plus humaines réduisent le risque de burn out des médecins et ainsi, favorisent la qualité et la continuité des soins.
L’épuisement professionnel des médecins est une préoccupation majeure pour les systèmes de santé car il est associé à une faible satisfaction au travail, à une productivité réduite et a bien évidemment une incidence négative sur la qualité des soins. De multiples enquêtes ont déjà suggéré que plus de la moitié des médecins présentent des symptômes d’épuisement professionnel. Cependant, la recherche sur l’épuisement professionnel des médecins s’est principalement concentrée sur les milieux hospitaliers ou les grandes structures de soins primaires. Cette étude est l’une des premières à examiner la prévalence de l’épuisement chez les médecins dans les petites structures de soins primaires « indépendantes » réunissant 5 médecins ou moins. Si, aux États-Unis, le nombre de ces petites structures est plutôt à la baisse, néanmoins près de 70% de toutes les consultations en soins primaires ont toujours lieu dans de petits cabinets. On pense enfin aux structures du type Maisons de Santé en France qui peuvent être assimilées à ces structures de santé à taille humaine, comprenant moins de 5 médecins.
Les chercheurs ont examiné les données recueillies dans le cadre de l’essai HealthyHearts NYC (HHNYC) -qui évalue comment le coaching ou la formation peut contribuer à faire adopter aux médecins les lignes directrices cliniques pour le traitement et la prévention des maladies cardiovasculaires. Chaque médecin a répondu à un questionnaire à choix multiples avec des options de réponse reflétant différents niveaux d’épuisement professionnel. Les options allaient de l’absence de symptômes d’épuisement professionnel à un sentiment d’épuisement total au point d’arrêter la pratique de la médecine. L’homogénéité des données par rapport au Maslach Burnout Inventory, une échelle reconnue d’évaluation de l’épuisement professionnel, a été validée. Les médecins répondants ont été ensuite classifiés en fonction de leur niveau de burn out. L’analyse menée finalement auprès de 235 médecins pratiquant dans 174 petits cabinets de New York, constate :
- une prévalence du burn out considérablement réduite dans les petites structures, soit 13,5%, vs le taux national de 54,4% (2014) ;
- la « réserve adaptative » -ou une culture professionnelle où les médecins conservent des opportunités d’évolution et la capacité d’échanger et d’apprendre de leurs erreurs en partageant avec leurs confrères des retours d’expérience et où les médecins conservent un certain contrôle sur leur environnement de travail- est associée à des niveaux inférieurs d’épuisement professionnel.
Des résultats qui suggèrent qu’une certaine indépendance et autonomie permettent aux médecins exerçant dans des structures à taille humaine, apportent une certaine protection contre les symptômes d’épuisement professionnel.
L’auteur principal, le Dr Donna Shelley, professeur de santé de la population à l’École de médecine de l’Université de New York commente ces conclusions : « Il est important d’étudier ce groupe professionnel qui ne souffre pas d’épuisement professionnel pour parvenir à créer des environnements de travail qui favorisent la réduction du risque de burn out ».
Source: Journal of the American Board of Family Medicine (In Press) via Eurekalert (AAAS) 9-Jul-2018 Physician burnout in small practices is dramatically lower than national average (Schéma Department of Population Health, NYU Langone Health)
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