Cette étude menée par une équipe elle-aussi multidisciplinaire de professionnels de santé de l’UTAH, à pratiques ambulatoire, communautaire ou hospitalière confirme les avantages, à de nombreux égards d’un passage réussi d’un système de santé centralisé autour de l’hôpital universitaire à un véritable réseau de médecins, de professionnels et de centres de santé polyvalents et multidisciplinaires répartis sur le territoire. Des grandes lignes et défis de cette évolution aux résultats d’efficience et de qualité des soins, cette expérience, présentée dans les Annals of Famiy Medicine illustre l’importance des enjeux liés à ces nouvelles structures pluridisciplinaires dans l’offre de soins.
En 1998, l’Université d’Utah reprenait un réseau de 100 médecins et 9 centres de santé primaires et pluridisciplinaires. L’objectif était multiple, élargir l’offre et l’accès aux soins de santé, atteindre une meilleure efficience de l’ensemble en particulier par la fédération des services administratifs, informatiques (dossiers médicaux électroniques) et financiers.
Une rentabilité à moyen terme : l’analyse de l’ensemble de ces données révèle que le réseau « hôpital et centres de santé » est devenu « rentable », 5 années plus tard, en 2004-2005. Prise séparément, sa composante Centres de soins primaires pluridisciplinaires, 2 à 3 ans plus tard (2007-2008). Aujourd’hui, le réseau continue à s’élargir sur le territoire, avec de nouveaux sites jugés par les auteurs comme « stratégiquement importants » pour le système de santé.
Une telle entreprise nécessite l’engagement des dirigeants de l’hôpital, une bonne connaissance des pratiques en soins primaires, mais surtout un changement de culture draconien au sein du groupe. Cependant, l’expérience suggère qu’un centre hospitalier universitaire peut aussi impulser et fédérer le développement de structures « libérales » pluridisciplinaires. Après le changement de culture, la réorganisation comportant la fermeture et la relocalisation « en ville » de certaines des pratiques jusque-là réservées à l’hôpital, avec à la clé, il faut le préciser un certain nombre de licenciements. Dans ce cas d’espèce, les centres communautaires dépendaient en effet de la structure administrative des hôpitaux et cliniques de l’Université de l’Utah.
Maintenir l’offre de soins : grâce à la restructuration, le réseau a pu maintenir les « fonctionnalités » de soins. En plus d’une offre soins médicaux primaires, les centres proposent des services complets de pharmacie, de radiologie et d’optique. Enfin, le réseau permet, l’orientation, si nécessaire, des patients vers les médecins spécialistes ou les services spécialisés de l’hôpital universitaire. Globalement, les auteurs font le constat d’une amélioration opérationnelle, de la qualité clinique, du contrôle des coûts et d’une augmentation globale des revenus de santé à l’échelle de l’Etat. Ils décrivent ainsi un redressement financier réussi sur 5 ans d’un système de soins multidisciplinaires ambulatoires affilié à l’université.
« Ce n’est pas la pratique clinique hospitalière de votre grand-père », concluent les auteurs. « La pratique communautaire exige des réseaux d’information différents de ceux requis par l’hôpital. Dans ce cas d’espèce, le travail d’équipe interdisciplinaire et le leadership et la gestion intégrés sont essentiels ». À mesure que la pratique médicale se développe de plus en plus vers l’ambulatoire, ces réseaux apportent aussi aux universités des enseignements spécifiques à l’exercice « en ville » qui participent aussi à un meilleur suivi des patients et une meilleure formation des professionnels de santé.
On l’aura compris, la coordination des soins vaut aussi, à l’initiative de l’hôpital et entre établissements et centres de Santé.
Source : Annals of Family Medicine doi: 10.1370/afm.540 Successful Turnaround of a University-Owned, Community-Based, Multidisciplinary Practice Network